ALZHEIMER PROJECT

10 juin 2019 21 juin 2019

Ce projet s’appelle « Dans ta bulle, je m’égosille mais je ne t’entends pas » , c’est un monologue intérieur d’une jeune femme qui parle à sa grand-mère atteinte d’Alzheimer et qui depuis baragouine une langue inconnue et indéchiffrable.

La jeune femme soliloque. Elle parle à sa grand-mère, de sa grand-mère. Elle livre tout ce qu’elle n’ose pas lui dire. Cette grand-mère qui ne semble plus vraiment être connectée à la planète.

Elle parle un charabia toute la journée dans sa chambre de maison de retraite. Sa petite fille lui parle alors en silence. Ce nouveau statut d’absente-présente de sa grand-mère réveille une foule de question prenant beaucoup de place dans son petit cerveau.

Entre la raison adulte et la spontanéité enfantine, elle lui livre toutes ces sensations, questions, angoisses. Que se passe-t-il dans la tête de sa grand-mère ?

Qu’est que ça fait de vivre entre 4 murs et ne plus voir le bleu du ciel ? Quel est son statut maintenant que sa grand-mère ne « l’attend plus ».

Espiègle et révoltée, la narratrice raconte au public ses souvenirs mais elle a aussi la mémoire qui flanche. Ses souvenirs d’enfance ne sont pas toujours précis, elle parle des sensations, ne sait jamais si elle invente ou si ça c’est vraiment passé.

Brôde-t-elle ses souvenirs comme ça l’arrange ? Peut-on rêver sa vie l’inventer, l’embellir ? N’est-ce pas une façon de se l’approprier ?

Elle rêve de parler et comprendre le gromelot de sa grand-mère parce qu’il y a beaucoup trop de question qu’elle a oublié de lui poser. Alors au fur et à mesure elle déconstruit elle aussi son langage.

A travers ce texte, je voudrais questionner le tabou de la maladie, interroger le rapport de notre génération à la vieillesse et à nos grand-parents, la subjectivité de la mémoire, les ressemblances entre l’enfance et la vieillesse. Je voudrais questionner le lien du cœur quand le langage comme moyen de communication n’existe plus.

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