Ce qui fleurit dans le silence

02 juin 2025 13 juin 2025

Le projet: Ce spectacle est né d’une urgence viscérale : exprimer ce qui traverse nos corps, ce qui résonne en nous, ce qui parfois ne trouve pas les mots. L’étincelle ? Notre rencontre.

Depuis dix ans, nous partageons le trapèze comme un langage de risque et de confiance. Dans le paysage du cirque – encore très normatif – être deux femmes à occuper ce territoire aérien est un acte fort. Une affirmation féministe que nous portons à notre manière, en cultivant une discipline d’écoute et de dialogue à travers le mouvement et la voix, l’air et le vide.

Plus qu’une affaire de collaboration, c’est aussi une histoire d’amitié. Au trapèze comme dans la vie, nous avons exploré, tenté, chuté – et c’est dans cet enchevêtrement de vécus que quelque chose s’est fait jour : la nécessité de raconter par le corps nos récits personnels et ceux de notre entourage. Partant de notre « condition féminine » – avec tout ce que cela implique d’injonctions, de traumatismes et de luttes – ce projet s’ancre dans le réel pour sonder la mémoire corporelle, questionner notre présence au monde, mais aussi notre consentement et notre résilience, dans une perspective « universelle ».

Face à ce monde saturé d’injonctions patriarcales, comment apparaître, éprouver, crier, (se) réparer, (se) révolter, exister ? Comment donner une forme tangible aux vertiges intérieurs ?

Dans cette mise en scène, tout parle : les absences, les élans, les suspensions, les regards… Au croisement des techniques, nous convoquons la danse, la parole et le jeu icarien pour ouvrir des passages entre l’incertitude et l’affirmation de soi. Et si la violence s’incruste parfois dans les gestes, nous cherchons avant tout à en réorganiser les fractures, de manière à les transformer en puissance. Du sol vers les airs, notre progression se lit ainsi comme une ascension vers un autre monde possible, habité d’une nouvelle sensualité. Plus qu’un agrès, le trapèze devient alors le témoin et le support d’un voyage émotionnel en clair-obscur, à la fois symbolique et introspectif.

Il y aura des voix brisées, des éclats de Vivaldi et des objets abandonnés qui renaîtront. Il y aura du combat, de la tendresse, et des lumières sur ce qui, d’ordinaire, reste dans l’ombre. Comme un cri, cette création entend ouvrir un espace où l’on peut enfin dire ce que l’on tait depuis longtemps. Un refuge où les fragilités deviennent des forces délicates – poussant de la terre vers le ciel, comme des fleurs dans le silence.

La compagnie : Esperluette est une compagnie circassienne basée à Besançon qui accompagne et soutient plusieurs jeunes artistes dans le développement de leurs projets de création. Elle porte actuellement le projet d’Angélique et Tinka,
diplômées en 2020 de l’École Supérieure des Arts du Cirque DOCH àStockholm, spécialisées en jeux icariens et trapèze duo. Ensemble, elles explorent des créations sensibles et poétiques, où la technique circassienne dialogue avec une approche narrative et visuelle.