CHTHULULAND

06 mars 2023 17 mars 2023

Alexis Forestier est bricoleur sonore et metteur en scène agitateur de la compagnie de théâtre expérimental et musical « Les endimanchés ».

Avec CHTHULULAND, il est à la fois question de faire entendre certaines bribes d’un texte qui s’appelle Le Manifeste Chthulucène de Santa Cruz de la philosophe Donna Haraway et de rendre sensible ce concept de Chthulucène. Le désir pourrait être celui-ci : comment rendre sensible ce domaine moléculaire de sensibilités, de subjectivités, et d’interconnexion qu’est le Chtulucène. Rendre sensible la chose sans non plus l’expliciter de manière trop formelle. Donna Haraway développe cette idée du Chthulucène parallèlement à la mise en critique des concepts d’anthropocène (vision essentiellement masculine et coloniale), de capitalocène (centrée sur le développement capitaliste) et de plantatiocène (extractivisme et agriculture intensive) qui lui semblent insuffisants pour penser notre monde.

Pour comprendre le monde à travers l’ère chtulucène, il faut créer un nouveau regard, construire ce regard en suivant l’exemple de l’araignée primoa Chtulu, qui « ne cesse, en tirant ses fils, de réparer sa toile, d’en refaire les liens ou de lui trouver de nouveaux points d’attache ». Où trouver les nouveaux point d’ancrage, les nouveaux récits qui nous permettront d’avoir une prise sur le monde, en pensant l’humain comme une part infime, moléculaire d’un écosystème dont il doit prendre soin ?

Si on en revient à la question du désir, il s’agit de faire quelque chose d’assez ludique, d’aller à la recherche d’un espace-temps du chtulucène qui soit « diffracté et sans relâche » comme le dit Donna Haraway. Le Chtulucène est une plongée et une perception dans une temporalité qui nous précède, qui est encore palpable et en même temps nous devance.

 

Visuel © Itto Mehdaoui