Apparitions

18 novembre 2025 12 décembre 2025

Le projet  : La fiction du projet « Apparitions » se passe dans un théâtre vide, la nuit, entre deux représentations, quand les énergies se dégagent des profondeurs mystérieuses de l’invisible.

Au point de départ, le public est accueilli avec un épilogue en guise de prologue :  une actrice les remercie d’avoir assisté à la représentation qui vient de se terminer. À cet instant, il y a deux temps qui s’entremêlent : le début réel du spectacle et la fin imaginaire d’un autre spectacle. Un acteur nous apprend que tout le monde est en train de quitter le théâtre, aussi bien le public que les artistes et l’équipe technique. Toutes les lumières s’éteignent une à une et, dans le noir, un dernier machiniste dépose la « sentinelle » sur la scène, avant de sortir à son tour avant de quitter les lieux. (*1)

Maintenant, il n’y a plus personne et nous voilà réunis, la nuit, dans un théâtre complètement vide. Pourtant, même si tout est arrêté et qu’on a l’impression qu’il n’y a plus rien, tout ce qui s’est passé dans ce théâtre au cours des heures et des temps passés, est encore là. Ce sont des flux invisibles, des vibrations imperceptibles qui flottent dans les atomes de l’air, tant il est vrai que la scène est un lieu qui vit, que l’on y soit ou que l’on n’y soit pas. Dans cette obscurité qui nous entoure, nous voilà devenus comme des présences fantomatiques, des êtres passés de vivants à personnages, car ce sont bien eux, les personnages, qui restent la nuit dans les théâtres tandis que celles et ceux qui les incarnent retournent dans le monde réel.

« Et vous, public, avez-vous senti tout à l’heure que vous aviez quitté le théâtre et qu’une partie de vous restait assise à vos places dans la salle vide ? Avez-vous, vous aussi, senti que vous deveniez des personnages…les personnages du public ? »

Mais qui donc, dans cet apparent silence, dans cette apparente immobilité des choses, nous a convoqués ici, cette nuit ?  Ne serait-ce pas le Théâtre lui-même qui nous invite à explorer la matière invisible qui nous entoure, celle qui nous permet d’approcher les secrets du jeu… mais le jeu lui-même est un fantôme que nous poursuivons sans cesse. Éphémère, il peut nous échapper et se diluer dans les ombres du théâtre. A nous de l’apprivoiser, de se laisser faire par lui et de quitter la tentation de contrôler l’inconnu. ` Il est alors question d’entrer en contact avec ce qui semble invisible, de capter les émotions que l’espace propose et de se laisser emmener dans une exploration des mystères du jeu : son apparition, sa disparition, sa vérité, sa justesse, les pièges et les obstacles qui l’empêchent d’apparaitre. Peu à peu, au cours de cette nuit particulière, les lumières se mettent à sculpter les murs du théâtre et les secrets qu’il renferme.  Par moments, il y a aussi des perches qui descendent et remontent, des machinistes muets qui traversent la scène ou la salle pour déposer un objet, changer un projecteur ou manipuler le jeu d’orgue. Tout ce qui se passe existe pour que la poésie du théâtre puisse prendre racine dans la mémoire des gens.

« Le théâtre est une énigme qu’on peut explorer sans cesse, un monde dans lequel on ne finit pas de s’aventurer, dans lequel on entre et dont on ne sort pas »

(*1) la sentinelle ou la servante est appelée « ghost lamp » dans les pays
anglo-saxons.

La compagnie : La Fabrique Imaginaire d’Eve BONFANTI et Yves HUNSTAD est une compagnie belge. Chacun de leur spectacle s’apparente à un périple dans l’imaginaire, sans limite, qui bouscule les codes de la représentation. Ils ont décidé de mêler leurs talents et d’écrire en duo, en dépassant les questions d’ego. Il est question de théâtre et de l’écriture de la transmission. Comment dire pour un public ? Le spectateur devient partie prenante de la création dans les interrogations de ces deux auteurs de théâtre.